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No Border déménage, les mineurs de nouveau à la rue

L’appartement loué par No Border (un réseau international de lutte pour la liberté de circulation) à Calais s’est vidé aujourd’hui. No Border déménage. Le propriétaire des lieux n’a pas souhaité renouveler le bail qui arrivait à son terme. Depuis le début du mois de décembre, le mouvement hébergeait  des migrants mineurs, âgés souvent d’une quinzaine d’années et originaires pour la plupart d’Afghanistan. Pour l’instant, aucune solution n’est prévue pour eux.

Certes, en tant que mineurs, ils peuvent prétendre à une place en foyer. Mais être séparés les uns des autres, dans une autre ville que Calais – ce qui les éloignerait de leur but final, l’Angleterre- ne les intéresse pas.

Dans le cadre du plan grand froid, la salle du BCMO sera ouverte ce soir pour les migrants qui souhaitent y dormir. Mais pour combien de temps encore? Difficile de savoir, le BCMO referme ses portes à chaque fois que les températures remontent de quelques degrés.

Bien sûr, les No Border, aidés par d’autres militants sur Calais, ont pensé à la suite. Grâce à un partenariat avec l’association Sôs soutien aux sans-papiers, ils vont louer un autre lieu, le Hangar Kronstadt, situé non loin du lieu de distribution des repas, sur le port. Mais cet espace ne devrait pas être dédié spécifiquement aux mineurs comme c’était le cas auparavant et le projet est encore flou. D’autant que les autorités ne manqueront certainement pas de réagir face à ce que certains médias appellent déjà « un nouveau Sangatte ». 

En attendant, la dizaine de jeunes encore présents dans l’appartement des No Borders ce matin, regardaient des clips sur Internet ou jouaient au foot. Des activités de leur âge, tout simplement.

Claire Debuyser

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A Calais, le répit n’est pas permis

Mardi dernier, la préfecture du Pas-de-Calais a annoncé la fin du plan grand froid à Calais, synonyme de fermeture du local du BCMO où dormaient environ 200 migrants (principalement des Afghans, des Irakiens et des Kurdes). Le soir même, l’association Salam a distribué des tentes, offrant ainsi un abri sommaire aux migrants. Un certain nombre d’entre eux a choisi de s’installer devant le BCMO, en signe de protestation contre la fermeture de la salle et mais aussi par désarroi. La police ne l’a pas entendu de cette oreille, et a demandé aux migrants de ne pas rester en centre-ville, mais de retourner à la « jungle », contre l’assurance de les laisser tranquilles pour la nuit.

Un répit de courte durée, puisque la police est venue les déloger au petit matin et a emporté des tentes. Depuis plusieurs jours le même scénario se répète, obligeant des bénévoles de Salam à aller récupérer les toiles presque chaque jour au commissariat, voire même parfois, à la déchetterie.

Si les températures sont légèrement remontées au-dessus de zéro la semaine dernière, le froid persiste et la pluie mouille toutes les affaires des migrants. Samedi 23 janvier, Médecins du Monde a distribué 196 sacs de couchage et des bâches plastique pour isoler du sol.

Installation... Samedi 23 janvier, l'association Médecins du Monde a distribué des sacs de couchage aux migrants

Le lendemain matin, la police était à proximité du BCMO lorsque des bénévoles de Salam sont venus apporter du thé à la trentaine de migrants présents. Leur prise? un « butin » de trois tentes.

Un groupe de migrants devant le BCMO dimanche 24 janvier, au moment de la distribution du thé

Claire Debuyser

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Les fantômes de Calais

Des grues et des immenses conteneurs découpent le paysage. Aux pieds de ces géants de fer, des ombres passent. Ce soir encore, les migrants hanteront le port de Calais. Eux n’ont pas pu rejoindre l’Angleterre. Pas encore. Alors ils se rendent à la distribution mise en place par l’association Salam. Dans la file, quelques bousculades, mais surtout des boutades avec les bénévoles.

Sans un mot, j’observe la scène. Je n’ose pas encore aller vers eux. J’irai les voir après le repas, une fois les estomacs rassasiés et les esprits alertes pour répondre aux questions d’une étudiante en journalisme. Mais très vite, c’est eux qui viennent à moi. « Tu parles Français », me dit l’un d’eux par-dessus mon épaule. Dans la pénombre, je vois à peine son visage. Son Français est très approximatif. Je comprends qu’il est Afghan et âgé d’une vingtaine d’année. Je n’en saurai pas plus, la conversation s’arrête là.

Mais peu importe après tout. Pendant de longues minutes, il reste planter là.. rien qu’à m’observer. Dans son regard, je devine beaucoup plus qu’il ne m’apprendra jamais par la parole. La dureté de celui qui a vu la guerre, la fatigue du migrant après des semaines de voyages, la faim du SDF, la peur du clandestin traqué par la police. Mais aussi, le désir de séduction du jeune homme et la curiosité de l’étranger envers une jeune française. Ses yeux ne m’en diront pas plus ce soir, car ses amis l’appellent. Il doit rentrer avec eux dans unes des nouvelles « jungles » de Calais.

Le lendemain, je retourne à la distribution. De nouvelles têtes ont fait leur apparition dans la file. Ils sont si nombreux que j’ai du mal à retrouver ceux avec qui j’ai parlé la veille. Les bénévoles m’apprennent que certains sont passés en Angleterre. Mais ça n’est pas le cas de Gonoewez, l’Afghan aux yeux qui vous racontent tout. Cette fois encore, c’est lui qui m’a trouvée. Je décide alors d’immortaliser son regard à travers une photo. L.M.

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Un nouveau charter pour l’Afghanistan?

Depuis samedi, la Cimade sonne l’alerte et appelle à la mobilisation. D’après cette association, pour l’instant seule habilitée à intervenir dans les centres de rétention, un nouveau charter serait prévu mardi 15 décembre pour l’Afghanistan. Les Afghans concernés sont tous dans des centres de rétention situés dans le Nord: neuf à Coquelles (Pas-de-Calais), et deux à Lille.

Le 21 octobre dernier, un premier avion commun à l’Angleterre et à la France avait décollé pour Kaboul, avec vingt-sept Afghans à son bord, dont trois expulsés par la France. Leur demande d’asile avait été refusée par l’Ofpra. Les associations et plusieurs personnalités politiques (telle que Martine Aubry) avaient alors parlé du « charter de la honte ». Malgré la condamnation de Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères, opposé aux expulsions vers ce pays en guerre, Eric Besson serait donc sur le point de récidiver.

Cette fois-ci aucune certitude sur le fait que le charter prévu mardi soit un vol commun avec l’Angleterre. Pour l’heure, la Cimade a demandé au premier ministre François Fillon, via un communiqué,  d’intervenir « pour bloquer ces renvois ». Les associations de soutien aux migrants se mobilisent, particulièrement dans le Nord-Pas-de-Calais où les étrangers cherchant à passer en Angleterre ou demandeurs d’asile se comptent toujours par centaines, malgré le démantèlement de la « jungle » à Calais, le 22 septembre.

Claire Debuyser

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Eric Besson veut fermer « la jungle » à Calais

Le minisre de l’Immigration, Eric Besson, était à Calais aujourd’hui. Lors de sa précédente visite en janvier, il avait promis de revenir avant le 1er mai; « promesse tenue » a salué Natacha Bouchart, maire (UMP) de Calais.

Natacha Bouchart a demandé l’aide de l’Etat, rappelant les difficultés économiqes de Calais et que « la présence massive de migrants pénalise la commune ». Le ministre a assuré que le gouvernement aiderait la ville : huit millions d’euros lui seront consacrés dans le cadre de la relance économique.

Le ministre était surtout présent pour apporter une réponse au problème des migrants, de plus en plus nombreux à Calais depuis un an. Sa principale annonce a été de déclarer que la « jungle » serait démantelée « avant la fin de l’année 2009 ». La « jungle » est un campement situé dans la zone industrielle des Dunes, à Calais, où vivraient environ 500 migrants. Un véritable petit village organisé.  Mais cela pourrait n’être qu’un effet d’annonce, tant il paraît compliqué d’empêcher l’installation d’un autre campement un peu plus loin… D’ailleurs, à propos de la fermeture annoncée de la « jungle », le directeur central de la Police aux Frontières a lâché devant les journalistes: « Ce n’est pas parce que ça ne suffira pas, qu’il ne faut pas le faire ».

Le ministre a voulu faire preuve de fermeté vis-à-vis de l’immigration clandestine, et surtout à l’égard des réseaux de passeurs. Il a expliqué avoir demandé à la préfecture de « mener des opérations coups de poing contre les filières ». « La première opération a eu lieu il y a 48 h (200 migrants interpellés, tous relâchés le lendemain, NDLR). Le même type d’opération aura lieu dans quelques semaines ». De plus, 50 fonctionnaires  supplémentaires devraient prêter main forte à la police d’ici 2010 (ils seront répartis entre Calais et Boulogne-sur-Mer). Les contrôles seront renforcés autour de la gare du Nord et de la gare de l’Est à Paris. Enfin, « des accords seront conclus avec l’Allemagne et l’Italie pour des opérations de police conjointe sur le réseau ferroviaire et autoroutier ».

Par ailleurs, l’Etat pourrait acquérir cinq machines à rayons X, permettant une meilleure détection de toute présence dans les camions. Mais c’est un matériel coûteux: 2 millions d’euros par machine.

  Eric Besson,  qui entend « allier fermeté et humanité », a également présenté un volet « humanitaire » en six points:

-Création d’un point de recueil des demandes d’asile, avec l’ouverture d’une permanence de demande d’asile le mardi et le vendredi à la sous-préfecture de Calais. Ce point devrait satisfaire les associations. Jusqu’à présent, les migrants devaient déposer leurs demandes d’asile à la préfecture d’Arras.

-L’Anaem (Agence nationale de l’accueil des étrangers et des migrations)sera chargée de mettre en place un dispositif mobile d’information des migrants sur l’aide au retour.

-Ouverture d’un nouveau point de distribution de repas, qui remplacera l’actuelle distribution.

-Une permanence d’accès aux soins sera pérennisée avenue Pierre le Coubertin.

-Implantation d’un coin sanitaire avec des douches.

-Ouverture d’un nouveau point d’accueil de jour pour les personnes les plus fragiles. Seul hic, ce point d’accueil serait situé à environ 10 km du centre ville.

Le minisre a répété son opposition à toute implantation d’un centre permanent d’hébergement à Calais :« il n’y aura pas de nouveau, ni de mini Sangatte ».

Un sujet reste sensible : la coopération avec les Britanniques. Avant l’intervention d’Eric Besson, la maire de Calais avait lancé « il faut que les accords internationaux évoluent ». Les Britanniques ont signé l’accord de Dublin, mais pas les accords de Schengen, laissant « les autres faire le boulot », c’est-à-dire laissant les Français surveiller la frontière et empêcher le passage des clandestins. Le ministre a appelé les Britanniques à « prendre une part plus grande dans les contrôles ».

Eric Besson a dit son intention de revenir à Calais avant la fin de l’été pour faire le point.

Claire Debuyser

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Deux chapiteaux installés à Grande-Synthe pour les migrants démontés aujourd’hui

Grande-Synthe. C’est un bout de terre, derrière des bosquets et des arbres, qui n’est pas visible depuis la route mais néanmoins tout proche du centre-ville. Les employés municipaux qui travaillent à proximité savent tous nous indiquer où se trouvent « les tentes ». Deux chapiteaux blancs servent d’abri à des migrants en transit dans le dunkerquois. Mais ils doivent être démontés cet après-midi. Sur place, seulement une poignée d’hommes, qui se disent tous Afghans, sont présents. L’un d’eux explique dans un anglais sommaire que beaucoup sont déjà en route pour Calais, comme presque chaque jour. D’autres ont déjà quitté les lieux car ils savent que les tentes vont être enlevées. « It’s finished here », dit l’homme.

Ce matin, au micro de Delta FM, Damien Carême, le maire (PS) de la ville, a expliqué que ces chapiteaux avaient été installés le 26 décembre pour  faire face au grand froid, mais que ce n’était « qu’une solution temporaire ». « Nous avons réagi pour porter assistance aux personnes en danger, il y avait des femmes enceintes », explique le maire. Aucune autre solution n’est envisagée pour l’instant pour les migrants. Damien Carême rappelle que cela ne relève pas de la compétence de la ville, mais de celle de l’Etat.

C.D.

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Immigration clandestine: Eric Besson encourage la délation

  Manier la carotte et le bâton, c’est la nouvelle stratégie choisie par Eric Besson.  Le ministre de l’Immigration a annoncé hier sur Europe 1 qu’il signerait dès aujourd’hui un décret autorisant les préfets à régulariser les clandestins qui dénonceraient leurs passeurs. Objectif: « démanteler les filières ». 

Une « guerre » dans laquelle le ministre peut se prévaloir d’un premier succès dans le genre. Après six mois d’enquête, la police a démantelé hier matin un réseau asiatique dans trois arrondissements parisiens. Les perquisitions ont permis d’arrêter huit passeurs. Selon France Soir, « les clandestins étaient logés par les passeurs qui leur procuraient des papiers falsifiés avant de les faire passer vers des pays étrangers, notamment le Royaume-Uni, l’Irlande ou les pays nordiques. Coût du passage : entre 1.500 et 4.000 euros. Entre 13.000 et 15.000 euros si les personnes venaient directement de Chine ».

Du côté des associations d’aide aux étrangers, on juge cette « guerre aux filières » avec scepticisme. Sur France InfoLaurent Giovannoni, le secrétaire général de la Cimade, appelle Eric Besson à s’interroger sur les raisons qui poussent les migrants à recourir aux filières illégales : « Les politiques européennes qui verrouillent complètement les possibilités d’accès légal au territoire européen poussent les personnes à avoir recours à ces filières », explique-t-il.  En promettant des titres de séjours de 10 ans en échange d’une dénonciation, le ministre de l’Immigration place les clandestins dans une situation difficilement tenable. Comme le montre le reportage de Marianne, les migrants risquent à tout moment des représailles, pouvant aller jusqu’à la mort.

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