Archives mensuelles : novembre 2009

Dépasser les clichés dans les médias

  Immigrés=banlieues=violence, c’est une des équations récurrentes dans les médias depuis les années 1980.  Alors, comment changer les représentations que  les journaux donnent des immigrés? Comment couvrir l’immigration sans tomber dans les clichés? Ces questions étaient au coeur des débats de la conférence « Covering Immigration » organisée par la French-American Foundation ce week-end à Paris.

« Aux Etats-Unis, les questions d’immigration et d’intégration sont entendues comme faisant partie d’un processus. En France, c’est une perspective totalement différente. On traite l’immigration en termes de citoyenneté et d’identité nationale », analyse Susan Sachs, correspondante pour le quotidien canadien The Globe&Mail et professeur à Sciences Po Paris.

Il suffit d’ouvrir les pages des journaux, pour constater que l’immigration est souvent traitée en France comme un problème. Résultat: on se concentre sur des questions symboliques comme le sentiment d’être Français, ou encore la part de travailleurs sans-papiers.  Et on oublie de parler des autres : l’écrasante majorité des immigrés arrivés légalement sur le territoire. Ainsi, on ne traite jamais des avantages économiques et culturels que l’immigration peut apporter au pays d’acceuil.

Une des pistes pour expliquer cette différence de traitement réside peut-être dans les méthodes de travail des journalistes.

  •  Comme la plupart de ses confrères nord-américains, Susan Sachs fait appel à des « fixeurs » de la communauté étrangère. Journalistes du Bondy Blog et membres du Conseil représentatif des associations noires (CRAN) lui ont par exemple déjà servi de guides pour ses reportages en banlieues.

 

  • Côté Français, on se refuse à utiliser des intermédiaires. Cécilia Garzon, journaliste au Figaro, se rend en banlieue toute seule…mais discrètement. La première fois qu’elle a dû entrer dans la Cité des 3 000 à Aulnay-sous-Bois, elle s’est fait passer pour « une étudiante brésilienne qui préparait un livre sur la banlieue ». Elle justifie son mensonge par la mauvaise image des journalistes dans les banlieues:

  » Il y a tellement d’agressivité envers que les médias que ça devient très dur de travailler là-bas, il faut sans arrêt entrer dans un travail d’explication avec les gens. Si j’avais été d’un journal de gauche, ça aurait été exactement la même chose. »

S’il est sincère et courageux, son témoignage pose néanmoins quelques questions. « Ca n’est pas éthique! », ont lancé certains confrères lors de la conférence.

  • Alors, des deux méthodes, la nord-américaine est-elle celle que l’on doit préférer? Peut-être. Certes, les « intermédiaires » ont toujours un certain point de vue sur la réalité, ils montrent au journaliste ce qu’ils ont envie de lui faire voir. Mais, comme le souligne Susan Sachs, si le  journaliste en est conscient et qu’il croise ses sources, alors la déontologie sera respectée.

Lydie Marlin

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Le festival migrant’scène: deux semaines pour échanger sur les migrations

Le festival Migrant’scène de la Cimade débutera samedi 14 novembre. Pendant deux semaines, l’association propose des « regards croisés sur les migrations » à travers des témoignages, des conférences, du théâtre, de la danse…

Ce festival existe depuis dix  ans dans la région Sud-Ouest et depuis quatre ans en Ile-de-France. Il est désormais national, et si le programme se veut cohérent, chaque région aborde des thématiques qui la concernent plus directement. Ainsi l’Ile-de-France, région qui accueille le plus de réfugiés politiques, consacrera une large place au droit d’asile.

C.D.

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Régularisation des travailleurs: Delanoë écrit à Fillon

Bertrand Delanoë, le maire de Paris (PS), a écrit mardi au Premier ministre François Fillon, pour lui demander d’« assouplir les conditions de régularisation des travailleurs sans-papiers », dont 5000, selon lui, sont en grève dans la capitale.

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Travailleuses et mamans sans-papiers

Depuis trois semaines, les piquets de grève des travailleurs sans-papiers se multiplient en Ile-de-France. On estime le nombre de grévistes à 4 600. Parmi-eux, de nouveaux visages, ceux des femmes.

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L’ immigration, une chance pour le développement des pays du Nord

L’immigration est souvent perçue en France comme un problème. Les immigrés manquent d’intégration plaident certains, il n’y a pas assez de travail pour tous et on ne peut pas accueillir toute la misère du monde diront d’autres. Les politiques répressives du gouvernement incitent d’ailleurs à penser en ce sens. « La France cible des passeurs », répète à l’envi Eric Besson pour justifier le renvoi des migrants afghans dans leur pays en guerre. Le discours est si bien rodé que nos oreilles ne font même plus la différence entre clandestins, demandeurs d’asile, réfugiés et immigrés. Le cliché d’une « invasion » est bien tenace. 

Des idées reçues que tente de déconstruire le Programme des Nations-Unies pour le développement (PNUD) les Nations-Unies dans son rapport 2009 intitulé « Lever les barrières : mobilité et développement humains ».

 Il montre d’abord que les migrations Sud-Nord sont minoritaires. Si chaque année, « plus de 5 millions de personnes franchissent des frontières internationales pour aller vivre dans un pays développé, ils sont bien davantage à migrer vers un pays en développement ou à se déplacer dans leur propre pays ».

 La migration profite même au pays d’accueil. « Il n’existe aucune preuve d’impacts négatifs de l’immigration sur l’économie, le marché du travail ou le budget, alors que les bénéfices ne sont plus à démontrer dans des domaines comme la diversité sociale et la capacité d’innovation. ». L’immigration, affirme le rapport, accroît l’emploi, et à court terme, la croissance démographique augmente le PIB réel par habitant. Elle sera même nécessaire sous l’effet du vieillissement démographique : la population en âge de travailler va fondre de 23% entre 2010 et 2050 en Europe.

 Voilà des arguments de poids pour faire évoluer les consciences et peut-être un jour, espérons-le, changer les politiques anti-migratoires.

L.M. (avec Le Monde)

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